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1000 mots par jour

24 juin 2007

fanatisme

Le fanatisme est la mort de la conversation. On ne bavarde pas avec un candidat au martyre. Que dire à quelqu’un qui refuse de pénétrer vos raisons et qui, du moment que l’on ne s’incline pas devant les siennes, aimerait mieux périr que céder.
[ Emil Michel Cioran ] De l’inconvénient d’être né, Folio, p.137

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24 juin 2007

Le pardon

Si nous ne pardonnons jamais à autrui, c’est parce que nous nous savons fautifs. Nous chérissons notre ego par crainte de dire la vérité aux autres. Nous nous réfugions dans l’orgueil par peur de nous révéler notre propre vérité. Qui pourrait être sérieux avec le monde quand le monde lui-même est grotesque ?
[ Kakuzo Okakura ] Le livre du thé Picquier, page 61 ( 2007-02-23 13:28:57 )

24 juin 2007

Le pardon

Si nous ne pardonnons jamais à autrui, c’est parce que nous nous savons fautifs. Nous chérissons notre ego par crainte de dire la vérité aux autres. Nous nous réfugions dans l’orgueil par peur de nous révéler notre propre vérité. Qui pourrait être sérieux avec le monde quand le monde lui-même est grotesque ?
[ Kakuzo Okakura ] Le livre du thé Picquier, page 61 ( 2007-02-23 13:28:57 )

24 juin 2007

Max Gallo

Historien et romancier, l'auteur de « La Baie des Anges » a été élu hier au fauteuil de Jean-François Revel.

L'ÉLECTION de Max Gallo au fauteuil de Jean-François Revel, au premier tour par 15 voix contre 5 à Claude Imbert, est la consécration d'un homme de travail et de conviction : un intellectuel qui a porté contre vents et marées l'idée d'une France en mouvement pour ne pas dire au combat, qu'il s'agisse de Napoléon ou de Gaulle. Sa conception vivante de l'histoire et de la nation s'est retrouvée miraculeusement en phase avec la récente campagne électorale. Son livre Fier d'être français fut un grand succès des derniers mois et il fut sollicité par le nouveau président de la République pour prononcer au bois de Boulogne un discours en l'honneur des martyrs de la Résistance. Plus profondément Max Gallo est un exemple de ce qu'il faut nommer la méritocratie à la française. Son parcours est celui d'un enfant de Nice, d'origine italienne, devenu à force d'études agrégé d'histoire, éditeur, écrivain, député, secrétaire d'État. Et désormais membre de l'Académie française. (E.M.)


UNE PAGE par jour, mais une page tous les jours, c'était le rythme que s'imposait Frédéric Dard. Max Gallo, lui, c'est 4 000 mots par jour et 2 500 pages par an. Depuis 1964, année de la publication de son premier livre, cet agrégé d'histoire levé tous les matins avant l'aube écrit comme on mange et comme on respire, la nuit et le jour, sur des cahiers ou des carnets. En 1972, Le Cortège des vainqueurs, son premier roman, fut gratifié d'un beau succès de librairie. Plus tard, la Baie des Anges (1975), Que sont les siècles pour la mer (1977) et Une affaire intime (1979) furent un triomphe. En un peu plus de quatre décennies, le biographe à succès du général de Gaulle a ainsi publié une petite centaine de livres. Les Immortels avaient refusé de lui faire une place sous la Coupole en 2000, en même temps que Jean Raspail, autre écrivain de caractère injustement écarté. Depuis hier, ils ont accueilli Max Gallo parmi eux en l'élisant au fauteuil de Jean-François Revel.

Max Gallo incarne la permanence d'un genre populaire et narratif, qui pour n'avoir pas les honneurs de l'Université, n'en reste pas moins une extraordinaire machine à faire lire pour des millions de personnes. Tournant le dos à la nouvelle histoire, qui n'acceptait pas plus les grands hommes que la nouvelle cuisine n'approuvait la gourmandise, Max Gallo a publié une série de « vies illustres », mû par l'ambition de réconcilier les Français avec leur passé. « Même si j'ai été un moment influencé par le marxisme, nous confiait-il un jour, j'ai toujours pensé que les individus jouaient un rôle décisif dans l'Histoire. L'incarnation d'un destin collectif dans une personne est une des données capitales de la vie des hommes en société. Mon premier livre s'intitulait L'Italie de Mussolini, et non pas L'Italie fasciste. »

Célébrer les héros des siècles passés

Né à Nice le 7 janvier 1932, arrivé à Paris par la gare de Lyon en 1953, embauché comme contrôleur à l'ORTF, professeur de lycée puis d'université à Nice dans les années 1960-1970, député socialiste des Alpes-Maritimes en 1981, porte-parole du gouvernement Mauroy en 1983-1984, directeur de la rédaction du Matin de Paris en 1986, Max Gallo est un homme profondément attachant. La force de sa pensée, l'éclat de son honnêteté, la chaleur de son propos ont quelque chose d'inhabituel, et, dès lors, de souverain. À mi-chemin entre Jules Michelet et Alexandre Dumas, ce fils d'immigré italien devenu universitaire en suivant des cours du soir s'est attaché à redonner du sang, du souffle et de la couleur à l'Histoire de France en célébrant les héros des siècles passés. Après Robespierre, Hugo, Napoléon, De Gaulle, il y a eu les chrétiens, les poilus, les résistants, héros connus ou méconnus d'une suite de « romans d'histoire ». Leur auteur se présente volontiers comme un « vieux croyant » refusant de penser que la Maison France a désormais pour seule vocation d'être à la hauteur de ses parts de marché. En 1996, ce déçu du mitterrandisme l'a expliqué dans une forte tribune publiée dans Le Monde. « Je ne veux pas admettre la fin de l'histoire nationale. Je lis et célèbre Dante, Shakespeare et Goethe, mais je suis du côté de Chrétien de Troyes, de Corneille et de Diderot. Je ne veux pas d'une figuration»virtuelle* du passé national : je suis du côté de Sénanque et de Versailles, du côté de Jeanne et de Louis XIV, de Robespierre et de Napoléon, de Moulin et de De Gaulle. Et j'assume Thiers, Céline et Brasillach. Je ne souhaite pas que mon fils cherche du travail en mobil-home dans une Europe dont l'euro serait la seule identité. »

À gauche, ce retour calme et secret à l'idée de patrie a fait grincer des dents. Comme souvent, Max Gallo a eu droit aux sous-entendus infamants et à la reductio ad hitlerum. Cette maladie infantile de la gauche, qui l'empêche de penser la nation, a fini par éloigner l'écrivain de ses anciens camarades et a presque fini de le dégoûter de la politique. Mais il n'y a eu chez Max Gallo ni trahison, ni conversion tardive. Simplement un approfondissement, au sens de Charles Péguy. Le chemin d'écrivain et d'homme libre qui s'apparente le plus au sien, c'est celui d'André Malraux, qui expliquait à la fin de sa vie : « Auparavant, j'avais subordonné la France à la justice sociale. Maintenant, je subordonne la justice sociale à la nation, parce que si on ne s'appuie pas sur la nation, on ne fera pas de justice sociale, on fera des discours. »

Ce manifeste vaut assurément pour Max Gallo, écrivain de tête et de coeur doublé d'un orateur magnifique, qui sera peut-être un jour chargé par ses pairs de prononcer sous la Coupole le Discours sur la vertu.

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